Après le succès de l’adaptation de Tomi Ungerer, l’Opéra national du Rhin (OnR) renoue avec l’esprit de Noël en proposant une nouvelle production tout public de l’opéra féérique d’Engelbert Humperdinck, Hansel & Gretel. Les célèbres enfants des frères Grimm, chassés de leur foyer et livrés à la forêt, feront escale à Strasbourg en décembre et à Mulhouse en janvier, offrant une sortie familiale accessible dès 8 ans.
L’Héritage d’une Œuvre
Créé le 23 décembre 1893 à Weimar, sur un livret de la sœur du compositeur, Adelheid Wette, l’opéra est une institution dans les théâtres germanophones, particulièrement lors des fêtes de fin d’année. S’il séduit les plus jeunes par ses airs de comptines entraînantes, les adultes y reconnaissent la richesse d’une partition aux couleurs wagnériennes, tissée de leitmotivs évocateurs, où se devine déjà le thème de la sorcière avec sa chanson Hocus Pocus.
Initialement pensé par Humperdinck en 1890 comme un Singspiel (une forme légère intégrant des dialogues parlés) à la demande de sa sœur, l’œuvre a rapidement pris une ampleur lyrique. Wette avait à l’époque adouci la version originale du conte des Grimm, substituant l’horreur du cannibalisme par la seule gourmandise de la pâtisserie. De l’idée de départ subsiste notamment la mélodie “Petit frère, viens danser avec moi”.
Le Conte sous un Jour Nouveau
La nouvelle mise en scène, signée Pierre-Emmanuel Rousseau (que l’on retrouve à l’OnR après Le Barbier de Séville), entend pourtant s’éloigner de l’image de la simple fable enchantée pour “renouer avec la cruauté originelle du conte”. Une approche qui promet de dépoussiérer l’œuvre.
La scénographie s’ancre dans un cadre contemporain et décalé : l’action se déroulera au cœur d’un parc d’attractions abandonné, une toile de fond choisie pour symboliser le mal-être et la perdition adolescente des deux héros.
L’interprétation de la Sorcière, traditionnellement confiée à un ténor, s’annonce particulièrement intrigante. Le metteur en scène a choisi de modeler ce rôle — celui qui transforme les enfants en pain d’épice — sur l’icône Marlène Dietrich, promettant une figure de « cabaret décadent, entre faux-semblants et tentations ». C’est le ténor américain Spencer Lang qui reprendra ce rôle, qu’il avait déjà tenu lors de la version 2020 jouée pour un public virtuel en pleine pandémie.
Cette nouvelle production de l’Opéra national du Rhin s’annonce donc comme une relecture audacieuse, cherchant l’équilibre entre la féérie de l’opéra de Noël et la noirceur psychologique du mythe.



